Santiago : Barrio Republica

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Le Barrio Républica, aussi connu comme Barrio Universitario de Santiago, est l’un des quartiers les plus traditionnels et architecturalement les plus riches de Santiago. Il a été déclaré «zone typique» par le conseil des monuments nationaux du Chili, le 10 novembre 1992. Ce décret permet de le protéger de la destruction et de favoriser sa restauration. Il est aussi le siège de la révolution étudiante qui secoue le pays depuis plusieurs mois, mais, je ne vous présenterai que l’aspect historique et photographique du quartier (cliquez sur les photos pour les agrandir et lire les légendes).

Les rues du Barrio présentent un intérêt particulier rien qu’à l’œil, pour ses demeures et palais immenses. Ils témoignent d’une vie aristocratique intense jusqu’à la proclamation de la république. Les familles Irarrazaval, Errazuriz, Cousino, Caroca, Torres, Bravo, et Moscoso, comptent parmi les plus importantes dans l’histoire du Barrio.

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Bien avant, l’immense terrain qui compose ce quartier était la propriété d’un seul homme, Henry Meiggs, un riche aventurier Américain. Il a entre autre construit la ligne de chemin de fer entre Santiago et Valparaiso, soit un parcours de plus de 110 km. En 1872, il fait faillite. Ses terres sont parcellées et mises aux enchères. Il a disparu dans la conscience collective mais une galerie marchande vétuste porte encore son nom.

Les familles de l’époque s’intéressent à cette vente, car non loin, existe déjà le Palais Cousino, transformé depuis en parc O’Higgins. Un vaste programme d’urbanisation s’établit alors. Demeures luxueuses, parcs et belles avenues voient le jour, où se côtoient aristocrates, bourgeois et intellectuels. Les architectes Chiliens s’inspirent des styles Européens pour construire des maisons selon les goûts de leur riches clients. Au gré d’une ballade, on découvre des maisons au style Anglais, Français, Flamant mais aussi des façades néo-classique ou ionique romain.

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palais francais palais neo classique

Parmi les grandes réalisations, figure le Club Hippico ou l’hippodrome de Santiago. Inauguré en 1870, le premier bâtiment de bois et de verre est entièrement détruit par un incendie en 1892. Aussitôt, un nouveau édifice est dessiné sur le modèle de Longchamp. Pour l’époque, les ingénieurs font preuves de prouesse architecturale, en construisant une immense tribune de béton abritée. Le bâtiment est construit face à la Cordillère. La décoration est raffinée et l’ensemble compte de nombreux salons et restaurants. Tout au long du 20ème, la jet set internationale se rend à Santiago pour assister aux courses mondialement renommées : Roosvelt, Henri de Prusse, Fernand de Bavière, Edouard de Windsor, Prince de Galles, la Reine Elisabeth II, Sara Ferguson, la Duchesse d’York…

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club hipico tribune 2 club hipico champs et cordillère

L’essor du quartier et des villas est dû à la manne minière de la fin du XIXème. Dans les années 30, les rues sont les premières à être pavées, asphaltées et éclairées, ce qui attestent de l’importance et la richesse de ses habitants.

Au fur et à mesure que la ville s’agrandit, les familles moyennes et pauvres s’installent à proximité, bénéficiant des infrastructures, des emplois et des logements. Malheureusement, ce côtoiement ne plait pas à l’élite Chilienne, qui préfère tout simplement abandonnée le quartier pour s’installer plus loin. La mentalité n’a toujours pas changée et les familles construisent toujours plus loin, désormais sur les flancs de la Cordillère, à plus 45 minutes du centre historique. L’absence d’intérêt pour l’histoire et la conservation du patrimoine architecturale se traduit généralement par la destruction des édifices.

palais encore en ruine

université universtié andres bello

Dans les années 1970-1980, le quartier est le siège de boutiques dédiées à la mécanique automobile. De nombreuses édifices disparaissent, d’autres tombent en ruines. Les universités privées commencent alors à acheter les vieux palais, abimés par le temps ou les tremblements de terre, pour une bouchée de pain. Les façades sont ainsi sauvées et rappellent les années glorieuses. A l’intérieur, se côtoient désormais les étudiants, qui payant à prix d’or leur étude, tentent de changer le système éducatif du pays. D’autres édifices sont repris par des administrations ou des entreprises privées qui installent leurs bureaux.